Pouvez-vous nous en dire plus sur le cidre ?

« On distingue généralement le cidre doux et le cidre brut, en fonction de leur degré de fermentation. Quel que soit le cidre produit, sa qualité dépendra d'abord du respect du rythme de la nature. Vous ne verrez jamais un producteur digne de ce nom secouer le pommier ! Un cidre de qualité ne se produit qu'avec des pommes tombées à maturité. Par contre, dès qu'elles ont atteint ce stade, il faut tout de suite les presser.

L'exploitation produit un cidre d'exception, médaillé d'argent au concours général agricole en 2011 : la Cuvée des Druides. Il est réalisé avec une seule variété de pommes. Sa finesse en fait un produit rare, à déguster par exemple en apéritif, comme on le ferait avec un champagne. C'est pourquoi j'en parle souvent comme "Cidre de réception". Quant à son nom, je l'ai baptisé ainsi car le menhir voisin de mon verger est le deuxième plus grand de Bretagne.

Il faut savoir que le cidre se marie avec tout. Quelque soit le plat proposé, le cidre peut l'accompagner : qu'il s'agisse de cuisine française ou étrangère. Cependant, les consommateurs n'ont pas ce réflexe, c'est à nous producteurs de leur faire découvrir ces associations. Sur ce point, on peut constater que les viticulteurs ont su bien mieux mettre en valeur leurs produits que nous mais notre secteur se mobilise et la consommation de cidre progresse. »

Pouvez-vous nous faire découvrir votre exploitation et votre métier ?

« J'ai créé la Cidrerie de Haute-Bretagne en 1984. Avant cela, c'était une ferme que je qualifierais de traditionnelle, produisant du lait et des céréales. Mais l'expérience a bien failli tourner court : cinq ans après mes débuts, produisant toujours du lait, des céréales et du cidre, j'ai voulu arrêter toute l'activité. Comme je devais liquider mon stock de cidre, j'ai posé des panneaux autour de l'exploitation pour le proposer en vente directe, du producteur au consommateur. Et là surprise : le succès a été fulgurant ! Mon comptable m'a alors incité à ne me consacrer qu'à la production de cidre et cela fait maintenant 8 ans que je ne fais plus que ça. 

C'est mon père qui m'avait appris les méthodes de production du cidre : j'ai donc suivi ses conseils lors des premiers mois. Mais je me suis vite rendu compte que je devais me perfectionner si je souhaitais me concentrer sur cette production. J’ai alors pu me former auprès de mon « maître », un producteur ayant une grande expérience et surtout la passion du métier. Toucher les produits, voir leur transformation, tout ça ne s'apprend pas avec de la théorie, mais en appliquant les conseils de mon « maître », j'ai pu acquérir les techniques de fabrication et de fermentation du cidre.

Vous avez obtenu le label Agriculture Biologique, qu'est-ce que ça représente pour vous ?

Depuis quelques semaines, nous sommes labellisés AB. Nous avons bien préparé cette évolution, puisque l’exploitation a su se convertir à l'agriculture biologique. Je fais confiance à la nature depuis mes débuts. Je n’ai par exemple jamais eu recours à un quelconque traitement de mes pommiers, à part à la bouillie bordelaise, ce qui est tout à fait autorisé dans l'agriculture bio. Avec cette méthode de production, je ne peux pas rivaliser quantitativement avec des producteurs utilisant des produits phytosanitaires. Mais je parie sur la qualité naturelle et cela m'a toujours réussi. Le secteur ne doit plus s'aider systématiquement de produits chimiques et modifier ses méthodes de production.

Comment peut-on acheter vos cidres ?

Le contact avec les clients est un plaisir pour moi : le Mont Saint-Michel, tout proche, attire beaucoup de touristes en période estivale. Ils sont à la recherche de produits locaux et de qualité. Et pour faire face aux périodes creuses, j'ai inventé le SAV : Service Après Vacances ! Chaque année, en avril et septembre, je livre à domicile chaque client m'ayant passé commande (particuliers et professionnels de la restauration), moyennant un forfait de livraison de 15 euros. Un vrai tour de France ! Certes, c'est fatigant, mais je rencontre mes clients, ça me donne du travail dans les périodes habituellement calmes et je peux ainsi vider ma cave avant la nouvelle récolte.